« Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres.

Les arbres, les rochers t'enseigneront les choses qu'aucun maître ne te dira » Bernard de Clairvaux

Ecoute Les Fleurs, est un blog qui témoigne comment les artistes se mettent au diapason de la nature, comment chacun peut rester en silence ou chanter, s'émerveiller, contempler, s'inspirer, créer, recréer, toujours respecter, pas forcément étudier ou juste ce qu'il faut, ne pas agir mais protéger.

Chaque jour, écoute une fleur, elle te dira…

David Hockney : j'adore !













Quand un fabuleux artiste s’empare d’un iPhone, ça donne des images géniales… A 73 ans, David Hockney s’adonne avec une énergie d’adolescent aux nouvelles technologies. Ses œuvres numériques sont exposées en ce moment à Paris. Pour ce sur-doué du dessin, c’est un formidable terrain de jeu et de créativité, « Incroyable ce que l’on peut faire avec un iPhone ! ». Interview :

Voilà que vous dessinez aussi sur iPhone…
Mon frère est revenu d’Australie avec un téléphone ; le lendemain, j’en achetais un, ma sœur aussi, mon ami John, mon assistant également. À plusieurs, on apprend plus vite à l’utiliser. J’ai découvert l’application Brushes. Incroyable ce que l’on peut faire avec un iPhone ! J’ai commencé à dessiner, j’envoyais le dessin par courriel à mon assistant à Los Angeles, à des amis. Avec le décalage horaire, ils pouvaient voir ce que j’avais réalisé dans la journée.

Vos amis y prêtaient-ils attention ? Ce sont des œuvres d’art.
Ce qui est bien avec de telles œuvres, c’est que personne ne parle d’argent, ces images ne valent rien. Elles ne sont belles que sur l’écran ; une fois imprimées, elles perdent leur lumière, leur transparence.

Le problème des droits de reproduction ne vous préoccupe-t-il pas ?
Je suis conscient que dès que j’envoie les images, j’en perds la maîtrise, mais d’un autre côté, j’ai envie de les montrer. Comment faire ? Tant que personne n’essaye d’en tirer profit, il n’y a pas de raison de s’inquiéter…

Avez-vous abandonné la photographie ?
J’ai toujours été entre le chaud et le froid avec la photographie. Elle m’a passionné, c’est vrai, mais elle a de sévères limites comparée à la peinture.

Et l’art conceptuel, qu’en dites-vous ?
Nous avons besoin d’artistes de tout genre. Plus il y en a, mieux c’est. Mais ce sont les images qui m’attirent, la représentation picturale du monde visible. En d’autres termes, je préfère Picasso à Duchamp.

Picasso est votre maître ?
Il est notre héros à tous. Pensez qu’à mon âge, il avait vingt et un ans de travail devant lui ! Encourageant, n’est-ce pas ?

À quel âge avez-vous su que vous étiez un artiste ?
À 7-8 ans, je dessinais. Mes parents m’encourageaient, ils étaient innocents, ils ignoraient qu’un artiste pouvait ne pas gagner sa vie… Mon père aurait voulu en être un, il prenait des cours du soir, je me souviens, la leçon s’appelait « Lumière et ombre ».

Le succès est-il venu vite ?
J’ai vendu mes premières toiles encore étudiant au Royal College of Art. Cet été-là, je suis parti à New York, j’ai trouvé ça fabuleux ! J’ai découvert la Californie plus tard.

Pourquoi avoir choisi la Californie plutôt que New York ?
Probablement à cause de ma surdité, et aussi parce que je suis un peu claustrophobe… Je ne pourrai jamais habiter un 50e étage, je préfère rester au sol.

À présent, vos tableaux atteignent des prix records aux enchères, quel effet cela fait-il ?
Ce phénomène n’a rien à voir avec moi. J’ai le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond. Par exemple, il y a deux mois, un couple a gagné 63 millions de livres à la loterie. Or, cinq jours plus tard, une sculpture de Giacometti se vendait 65 millions, les gagnants n’auraient même pas pu l’acheter, c’est de la démence !

L’argent ne vous intéresse donc pas ?
Un artiste qui parvient à vivre de sa création est déjà riche ! J’ai souvent fait des choses qui n’étaient pas très lucratives, par exemple, ce livre Secret Knowledge que j’ai financé (éd. Thames & Hudson, sur les techniques perdues des vieux maîtres). L’opéra ne paye pas très bien non plus, mais c’était excitant de travailler sur The Rake’s Progress pour Glyndebourne ! Mon objectif est de mener une vie intéressante. Je veux être tranquille. Trop d’argent peut être un fardeau, je ne tiens pas à perdre du temps avec des avocats et des fiscalistes. Certes, j’ai la vanité de montrer mon travail. En réalité, je tiens plus à le montrer qu’à le vendre…


Un extrait de l’interview réalisée par Laurence Mouillefarine (ça ne s’invente pas !) pour la revue Madame Figaro.

En ce moment, la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent consacre sa 14ème exposition à David Hockney. L'exposition regroupe plus de 200 oeuvres récentes réalisées par l'artiste sur iPhone et iPad. La présentation des oeuvres sur ces supports respecte le concept original d'images lumineuses et colorées voulu par l'artiste. A Paris, du 20 octobre 2010 au 30 janvier 2011

Voir le site de la Fondation, un interview de David Hockney, et ses images : http://www.fondation-pb-ysl.net/fr/Accueil-Fondation-Pierre-Berge-Yves-Saint-Laurent-Copie-485.html