« Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres.

Les arbres, les rochers t'enseigneront les choses qu'aucun maître ne te dira » Bernard de Clairvaux

Ecoute Les Fleurs, est un blog qui témoigne comment les artistes se mettent au diapason de la nature, comment chacun peut rester en silence ou chanter, s'émerveiller, contempler, s'inspirer, créer, recréer, toujours respecter, pas forcément étudier ou juste ce qu'il faut, ne pas agir mais protéger.

Chaque jour, écoute une fleur, elle te dira…

On va faire des jaloux...


Voici le bouquet de muguet, superbement odorant, cueilli tout droit des sous-bois et offert par ma voisine Lucienne (qui connaît les bons coins, mais ne les indique pas... on est initié ou pas !). Un privilège pour ceux qui habitent la campagne : une année de bonheur assurée car il y a bien au moins 365 clochettes, dodelinantes et parfumées !

En illustration : une photo de Mudita

Fin Avril...

























Ainsi va le jardin en cette fin Avril... les colzas fleurissent derrière le potager, les carrés attendent les semis, encore des tulipes et déjà le premier bleuet, les corettes du japon s'épanouissent, la fleur de rhubarbe n'en peut plus de grandir, le prunus est en fleurs mais les lilas sont en boutons, la giroflée indisciplinée pousse vraiment là où elle veut dans les graviers et les premières pivoines arbusives nous enchantent...

La brassée de fleurs


D’abord, elle courut au bois de roses. Là, dans la dernière lueur du crépuscule, elle fouilla les massifs, elle cueillit toutes les roses qui s’alanguissaient (...). Elle les cueillait à terre, sans se soucier des épines ; elle les cueillait devant elle, des deux mains ; elle les cueillait au-dessus d’elle, se haussant sur les pieds, ployant les arbustes. Une telle hâte la poussait, qu’elle cassait les branches, elle qui avait le respect des moindres brins d’herbe. Bientôt elle eut des roses plein les bras, un fardeau de roses sous lequel elle chancelait. Puis, elle rentra au pavillon, ayant dépouillé le bois, emportant jusqu’aux pétales tombés ; et quand elle eut laissé glisser sa charge de roses sur le carreau de la chambre au plafond bleu, elle redescendit dans le parterre.

Alors, elle chercha les violettes. Elle en faisait des bouquets énormes qu’elle serrait un à un contre sa poitrine. Ensuite, elle chercha les œillets, coupant tout jusqu’aux boutons, liant des gerbes géantes d’œillets blancs, pareilles à des jattes de lait, des gerbes géantes d’œillets rouges, pareilles à des jattes de sang. Et elle chercha encore les quarantaines, les belles-de-nuit, les héliotropes, les lis ; elle prenait à poignée les dernières tiges épanouies des quarantaines, dont elle froissait sans pitié les ruches de satin ; elle dévastait les corbeilles de belles-de-nuit, ouvertes à peine à l’air du soir ; elle fauchait le champ des héliotropes, ramassant en tas sa moisson de fleurs ; elle mettait sous ses bras des paquets de lis, comme des paquets de roseaux. Lorsqu’elle fut de nouveau chargée, elle remonta au pavillon jeter, à côté des roses, les violettes, les œillets, les quarantaines, les belles-de-nuit, les héliotropes, les lis. Et, sans reprendre haleine, elle redescendit.

Cette fois, elle se rendit à ce coin mélancolique qui était comme le cimetière du parterre (...). Elle s’acharna surtout sur des plates-bandes de tubéreuses et de jacinthes, à genoux au milieu des herbes, menant sa récolte avec des précautions d’avare. Les tubéreuses semblaient pour elle des fleurs précieuses, qui devaient distiller goutte à goutte de l’or, des richesses, des biens extraordinaires. Les jacinthes, toutes perlées de leurs grains fleuris, étaient comme des colliers dont chaque perle allait lui verser des joies ignorées aux hommes. Et, bien qu’elle disparût dans la brassée de jacinthes et de tubéreuses qu’elle avait coupée, elle ravagea plus loin un champ de pavots, elle trouva moyen de raser encore un champ de soucis. Par-dessus les tubéreuses, par-dessus les jacinthes, les soucis et les pavots s’entassèrent. Elle revint en courant se décharger dans la chambre au plafond bleu, veillant à ce que le vent ne lui volât pas un pistil. Elle redescendit.

Qu’allait-elle cueillir maintenant ? Elle avait moissonné le parterre entier. Quand elle se haussait sur les pieds, elle ne voyait plus, sous l’ombre encore grise, que le parterre mort, n’ayant plus les yeux tendres de ses roses, le rire rouge de ses œillets, les cheveux parfumés de ses héliotropes. Pourtant, elle ne pouvait remonter les bras vides. Et elle s’attaqua aux herbes, aux verdures ; elle rampa, la poitrine contre le sol, cherchant dans une suprême étreinte de passion à emporter la terre elle-même. Ce fut la moisson des plantes odorantes, les citronnelles, les menthes, les verveines, dont elle emplissait sa jupe. Elle rencontra une bordure de baume et n’en laissa pas une feuille. Elle prit même deux grands fenouils, qu’elle jeta sur ses épaules, ainsi que deux arbres. Si elle avait pu, entre ses dents serrées, elle aurait emmené derrière elle toute la nappe verte du parterre. Puis, au seuil du pavillon, elle se tourna, elle jeta un dernier regard sur le Paradou. Il était noir ; la nuit, tombée complètement, lui avait jeté un drap noir sur la face. Et elle monta, pour ne plus redescendre.

Un extrait des merveilleuses descriptions de jardins dans La Faute de l'Abbé Mouret, de Emile Zola, 1875

En illustration : une photo du Jardin de Giverny (fera bientôt l'objet d'un article...bien sûr !).

Un bijoutier fabuleux nommé Fabergé























Œuvres d’art connues dans le monde entier, les Oeufs de Fabergé sont des œufs de Pâques en joaillerie réalisés spécialement par Pierre-Karl Fabergé pour la Cour de Russie. Ces objets précieux et délicatement ouvragés recelaient toujours un secret qui était révélé au moment de la livraison.

Lorsque Karl Fabergé, joaillier, créa ses oeufs au début du vingtième siècle, il les fit pour démontrer son exceptionnel talent, et pour faire plaisir au Tsar Alexandre III.

Un demi siècle plus tard, ces oeufs attiraient un bon nombre de convoitises de la part des collectionneurs du monde entier, et bien des intrigues, parfois dramatiques ont été nouées pour se les approprier.

De nos jours, presque toutes ces oeuvres sont dans des musées nationaux, et lorsqu'on en trouve une sur le marché, elle atteint des prix astronomiques. Heureusement pour les amateurs, certaines fabriques de Saint Pétersbourg continuent à en fabriquer de très belles copies contemporaines.

Petite histoire du créateur

Pierre-Karl Fabergé est né le 30 Mai 1846 à Saint Pétersbourg. Il est issu d'une famille protestante picarde émigrée en Allemagne et installée en Russie en 1800. Le père, Gustav Fabergé ouvre à son compte une joaillerie en 1842, rue Bolchaä Morskaä au N°24. Puis le fils Karl prend en main les destinées de la maison Fabergé en 1870.

Mais c’est après avoir fait son apprentissage auprès des plus grands joailliers d’Europe, qu’il se fait remarquer par Alexandre III, tsar de Russie et qu’il obtient le "Privilège de Fournisseur de la Cour Impériale" en 1884. Il le restera sous Nicolas II. Il fut également reconnu auprès des cours d’Angleterre, de Thaïlande, de Suède et de Norvège. La firme fabriquait plus de 100 000 pièces en 1914 ! Il ouvre ensuite deux autres magasins, l'un à Moscou, et l'autre à Odessa.

Le comité des employés de la coopérative K. Fabergé prendra la direction de la société à la suite de la Révolution de 1917. Karl quitte la Russie en septembre 1918. Il meurt trois ans plus tard à Lausanne.

Le travail des métaux précieux

Pierre-Karl Fabergé est connu pour ses créations d'objets décoratifs raffinés : les œufs, bien sûr, mais également des fleurs, bijoux, figurines, cadres, pendules, boîtes, etc.

Ses matériaux favoris étaient les pierres semi-précieuses de l’Oural dont les plus caractéristiques sont la néphrite (sorte de jade vert), la bowenite (pierre vert clair à blanc), la rhodonite (rouge marbré de noir), mais aussi le cristal de roche et l’agate ; il utilisera les métaux nobles, dont l’or de quatre couleurs (jaune, blanc, rose et vert).

Ses styles sont classiques mais diversifiés : Rococo, Louis XVI, Empire, Renaissance, un peu d’art nouveau. Certaines pièces préfigurent l’art déco voire même l’esprit moderne.

Les Oeufs de Fabergé

Une spécificité : un œuf de Fabergé est un œuf de Pâques en joaillerie produit par la Maison Fabergé. La majorité d'entre eux étaient les miniatures qui ont été des cadeaux populaires pendant le temps pascal. Ils étaient portés sur une chaîne de cou, soit seuls ou en groupes.

Toutefois, les oeufs les plus célèbres produits par la Maison de Fabergé ont été les plus importants effectués pour les Empereurs Russes, qui les offraient à leurs épouses. On sait que sur les 50 créés, 42 ont survécu. Leurs dessins et modèles étaient extrêmement complexes et raffinés. Ils devaient tous pouvoir s’ouvrir et contenir une surprise.

Le premier fut créé en 1885. Le tsar Alexandre III commande à cette époque un œuf en joaillerie à la Maison Fabergé. Il s’agissait d’un présent destiné à son épouse l’impératrice Maria Fedorovna pour les fêtes de Pâques. C’est ainsi que Peter-Karl Fabergé a créé le premier des célèbres "Oeufs de Fabergé".

Connu sous le nom d’Oeuf à la Poule, il est en or. Sa coquille blanche opaque émaillée s'ouvre pour révéler sa première surprise, un jaune d'or jaune mat. Puis cela s'ouvre pour révéler une poule, de couleur or, qui s'ouvre également et contient une réplique de diamants de la Couronne Impériale à partir duquel un petit pendentif rubis a été suspendu. Du grand art…

Depuis, le terme «Oeuf de Fabergé» est devenu un synonyme de luxe et ces oeufs sont considérés comme des chefs-d'œuvre de l'art joaillier.

Pour voir des merveilles :